mardi 8 février 2022

Haimwag

 


Làngsàm gàng ech duch d’chàlti Nàcht

Ech ben uf’m zruckwag

Da meinsch, besch allei uf d’r Walt

Chä Seel treffsch àà


Pletzlig schreit’s in d’r Näha

S’chunnt vu da Baim dert owa

S’esch a Nàchtkütz

Da Schrai folgt mer bis vor d’ Deer


Friehjer kama Nàchtkütza

Uf unsera Schlofzemmerlada

Solàng às se do setza blewa senn

Hàt ma riawig derfa ischlofa


Jetz àwer da Nàchtkütz

En dam schtilla Owa

Jetz waisch dàs

D’Nàcht Auiga hàt



8 février 2022

dimanche 8 août 2021

 ADIEU, PERE FRANCOIS !





Lundi 20H45, François Lichtlé remettait son esprit à Dieu qu'il a servi pendant 20 ans, emporté par une maladie qui lui aura encore pris la lumière du jour. J'ai fait la connaissance de ce prêtre inhabituel il y a quelques années par le biais du maire de Roppentzwiller alors. Il nous avait reçus dans son presbytère de Waldighoffen où j'avais apprécié les vieilleries et le caractère authentique du lieu où s'affairaient des jeunes... Le Père François avait choisi de se consacrer aux petits de ce monde. Il redonnait un sens à la vie d'adolescents paumés, "ses enfants", désormais orphelins mais dont l'association Domus s'occuperait dorénavant.
Ce matin, l'église de Waldighoffen était trop petite pour contenir la foule d'amis, de paroissiens et de fidèles venus des six communes de la future communauté de paroisses. C'était l'ultime hommage à un curé de campagne singulier, qui élevait des chèvres et des poules, qui portait la soutane et le béret, qui montait en chaire pour parler au plus près à ses ouailles, mais dont le ministère s'est arrêté brutalement. J'ai eu le privilège de voir le Père François Vendredi saint, sous le soleil ardent de son jardin. Il était en blanc, avec des lunettes qui ne lui permettaient déjà plus de distinguer grand-chose. Il était fatigué. Mais confiant. La maladie en a décidé autrement. Rien ne sera plus comme avant à Waldighoffen. Mais l'esprit de ce serviteur de Dieu atypique imprègne la paroisse. Beaucoup de larmes ont coulé vendredi à Bergheim, son dernier lit parmi les hommes. Beaucoup d'émotion encore aujourd'hui dans la vallée de l'Ill. Et tous ces enfants assis dans le choeur et la chaire... Un pasteur s'en est allé. Je suis heureux d'avoir croisé sa route un jour.



Texte du 07 août 2011

dimanche 4 juillet 2021

TRES GRANDE SOLITUDE

 



C'est le premier TGV du jour. Départ 05H41 pour Paris Gare de Lyon. Quelques voyageurs ont pris place dans l'InOui. Nous nous installons à l'étage. Je remarque que je me trouve sous le casier de l'échelle. En cas d'urgence, un moyen de descendre de la rame.


Dans ce type de train, le chef de bord décline les prénoms de l'équipage. Le sien, celui du conducteur et même celui de l'hôte propreté. La Covid-19 s'est mise sur les rails. Combien de fois dois-je entendre les règles liées au port du masque que mon voisin tombe par moments sous le nez. Utiliser le gel hydroalcoolique à disposition sur les plateformes. En raison du protocole sanitaire, le bar est fermé. Tout cela est énoncé dans une intervention approximative et une qualité sonore toujours dissonante.





Nous voilà en route pour la capitale. Pas un bruit sinon celui de la rame lancée sur la LGV vers la Bourgogne. Un souffle d'opéra. Je perçois cependant le tapotement d'un clavier d'ordinateur. Ici on travaille à la manière de mon vis-à-vis. Un cadre sans doute qui parfume son environnement, tout rivé à son écran lui aussi. Le senior à côté de lui jette parfois un œil indiscret, auquel le voisin rétorque par un regard inamical.


Entre-temps, la voiture s'est remplie. Mais toujours ce silence dans la promiscuité. Je n'ai jamais aimé ces trains à grande vitesse, en l'espèce pas plus confortables qu'un TER de classe équivalente. Qui reflètent et amplifient ce que nous avons construit en un peu plus d'un an. Une société d'individus isolés, méfiants et seuls.




samedi 3 juillet 2021

LACHER-PRISE CHEZ LE DENTISTE

 



Je ne verrai plus la salle d’attente de mon dentiste. Rassurez-vous, je n’ai pas de dent contre lui.

Mais ce brave orfèvre de la céramique est en train de déménager son cabinet dans une commune voisine. Il se délocalise dans la couronne. La salle d’attente avait fait l’objet d’un blanchiment voilà quelque temps. Le liseré bleu se marie bien avec la décoration, des affiches surannées d’expositions de peinture, un cadre signalant le paiement à la prestation, la nécessaire plante d’ornement dont les branches sont des volutes, tandis que la baie vitrée m’interroge toujours. Ce devait être la salle de bain à côté. Quatre chaises écru sont disposées aux points cardinaux. Bon, on n’est pas là pour un bridge. Le jeu de cartes. Je considère la reproduction de Mescouli en pensant aux fraises du docteur. Je jette un regard furtif par la fenêtre. La cour aurait besoin d’un détartrage.
Au milieu de la pièce repose une table carrée. Il n’y a pas si longtemps encore, on pouvait prendre son mal de dents en patience en mettant son nez dans les magazines disposés sur la plaque de verre.
Avec la Covid-19, la maison a fait place nette. Le patient ne portera plus son regard voyeur sur la vie privée des stars, d’ailleurs je m’en moque. D’habitude chez le médecin comme chez le coiffeur, on feuilletait des publications passées entre de multiples mains et parfois d’une actualité caduque. Le cabinet était abonné au quotidien régional mulhousien. A la pause déjeuner, le praticien prenait un temps pour s’imprégner des faits locaux. Mais les nouvelles fraîches se sont volatilisées quelquefois. Le docteur privé de journal a mené dès lors sa petite enquête et consulté le livre de rendez-vous pour confondre la voleuse. Une plaie qu’on n’a plus revue depuis.
Une voix canine aboie dans la cour. Je ne vais pas ramener ma fraise, d’ailleurs je n’en ai pas le temps. Voici que le praticien vient me chercher. En me levant, mon mobile bipe. Une information m’est signalée. Je m’en moque comme de ma première molaire, mais me dis que chez le dentiste comme chez nombre de professionnels qui nous font patienter on reste lié à l’actualité des people.
Qu’elle soit sans-gêne, gratuite ou incisive.
Mon technicien de la denture ne m’a pas installé qu’il m’interpelle déjà sur les faits du jour. Je considère le luminaire plafonnier quand, jonglant avec bistouri et détartreur, il continue de commenter la vie qui passe. Difficile de répondre la bouche ouverte et figée. Et pourtant, voilà que je pourrais lâcher prise dans la blancheur de cette salle. Le docteur ne grincera pas des dents.










Haimwag

  Làngsàm gàng ech duch d’ ch àlti Nàcht Ech ben uf’m zruck wag Da meinsch, besch allei uf d’r Walt Ch ä Seel treffsch àà Pletzlig...